Skol

57ème parallèle nord : Gyda et les Autres

Monstres d’acier et de lumière, implantés sur les gisements d’hydrocarbures. Jusqu’à 10 étages, perchés sur les pilotis de 100m et surmontés d’une torchère qui crache sa flamme permanente comme un dragon.

La carte marine nous indique que chaque gisement porte un nom, et nous imaginons en souriant les parties de rigolades qui ont parfois pu présider au choix : Chestnut, Montrose, Everest, Camelot, Indefatigable, en zone britannique, ou Ula, Gyda, Ekofisk, Walhall, et même Troll en zone norvégienne. La réalité est plus prosaïque que ces traits d’intimité ou d’humour : la mer du nord est donc un territoire largement colonisé par les activités de production d’énergie. Gaz, pétrole, éoliennes.

56ème parallèle nord : Demie-Cape

La mer du nord est réputée mauvaise, ses vagues ne prennent pas la forme ample de la houle atlantique, elle se lèvent vite sous l’effet du vent et prennent des formes escarpées et désordonnées, en partie du fait des faibles profondeurs. Un vent de 25 à 30 nœuds, tout à fait maniable pour Skol en temps ordinaires s’est traduit pour nous par 20 heures de mer dure et de nausées permanente, au bout desquelles, n’en voyant pas la fin, nous avons choisi de lever le pied. Pause ? Du moins cessons de cingler à pleine vitesse vers le nord, cessons de taper dans les vagues et d’accentuer les mouvements du shaker. C’est la cape, ou plutôt la demie cape, car nous affalons simplement le foc et laissons Barkaï, le régulateur d’allure, se débrouiller avec la grand-voile seule, réduite au 3^ème ris. Le bateau ne tape plus, il dandine encore beaucoup mais il « bouchonne » bien et encaisse quelques déferlantes sans trop broncher. La nuit passe, le temps que le vent se calme, puis la mer. On arrive à mieux dormir, et on fait tout de même route vers le nord à 2 nœuds, ce qui ne serait pas le cas avec une vraie cape.

 

 

Cette capacité de Skol à rester tranquille sous grand-voile seule par gros temps et mer agitée est une heureuse confirmation. Nous en avions eu des indices déjà depuis quelques années que nos changements de foc se passent si bien par tous temps, car chaque changement de foc implique quelques minutes justement sous grand-voile seule, et à chaque fois, le régulateur d’allure maintient aisément le bateau en route ralentie. Il manquait juste la vérification que cette option fonctionne dans la durée. Et puis nous nous étions promis, après les dépressions sur la route des Açores en 2008, la difficile traversée du Golfe de Gascogne en 2009 et l’accident en 2010, d’apprendre à calmer le jeu avant de nous sentir en danger. Juste pour nous ménager. Utile apprentissage pour les navigations futures…

 

51ème parallèle nord : Wind Farms

 
Nous abordons la zone des “fermes éoliennes”. Alignements vertigineux, pales gigantesques. 10 rangées de 15 à 20 pylônes pour la ferme qui s’appelle « Greater Gabbard»Ils sont plantés sur un haut-fond à quelques mètres de profondeur seulement. Au bas de chaque pylône, un étage technique éclairé la nuit. Certaines têtes de pylônes sont éclairées aussi, pour marquer les limites de la ferme. Avec le jeu des distances et de la perspective, les bases les plus éloignées de notre regard sont moins lumineuses et moins hautes, et toutes ces lumières semblent composer des constellations qui auraient été aplaties sur l’horizon par quelque titan facétieux.

 

Le souvenir nous revient des nombreuses éoliennes terrestres que nous avons vues en Galice, ribambelles qui ourlent de nombreuses crêtes sur la façade maritime. Des projets en France ont agité l’actualité politique. Ici, en Mer du Nord, les champs sont vastes, interminables même, mais ils se trouvent loin des côtes, hors de la vue des habitants du littoral anglais. Ils n’abîment pas un paysage à vocation touristique.

Nous localiser durant l'été 2012

En prévision de notre périple vers le nord, voici un essai de "carte de suivi de voyage". Ce n'est qu'un test, une expérimentation. Nous hésitons depuis longtemps à nous couler dans l'évidence google maps. Ariel a envie de quelque chose de plus interactif, mais il s'agace des multiples options données par google au lecteur, ce qui, du coup, limite le contrôle que nous pouvons avoir nous-mêmes sur l'esthétique de cet objet dans notre blog. Vous l'avez remarqué, l'esthétique de ces pages est soignée.

Avant de nous lancer dans de grands travaux informatiques, il nous faut mieux cerner ce qu'on peut faire avec. Donc, testons ici google maps et ses options encombrantes.

Nous nous interrogeons également sur la nécessité d'une carte vectorielle, dans laquelle le lecteur peut cliquer et zoomer pour voir plus de détails, presque jusqu'au caillou près.  Il n'est même pas évident que tracer notre route concrète ait un sens dans ces pages, car ce blog a plus une vocation réflexive que narrative. Peu nous importe de raconter nos trajets; ce que nous souhaitons partager, ce sont la poésie, les questionnements, les rencontres.

Mais, cet été, nous avons un but géographique qui pourrait mériter d'être narré en lui-même : le cercle polaire. Une ligne géométrique et symbolique, la limite de la nuit continue en décembre et de la journée continue en juin.

Cette destination est lointaine, à plus de 1500 milles de notre port d'attache. Si lointaine que nous avons décidé d'avancer le bateau au printemps pour nous rapprocher.  Cette portion de route est déjà tracée sur la carte : Lorient - Calais du 26 avril au 15 mai. La suite viendra en juillet, et le retour en aout. Nous tenterons de mettre à jour cette carte au fur et à mesure. Ou bien nous trouverons une autre manière de montrer notre progression vers le Nord.

Afficher Skol sur une carte plus grande

La Quête du Cercle Polaire

Depuis septembre dernier, nous nous préparons pas à pas pour cette aventure:
Installation d'un chauffage autonome à bord (Poèle à Gas-oil)
Etudes des instructions nautiques.
100 mètres d'amarre flottante pour nous amarrer au fond des Fjords,
Révision et installation du guindeau pour remonter l'ancre même dans des conditions difficiles
Achat et installation d'une radio qui détecte les autres bateaux un peu comme un radar (pour les jours de brouillard)
Doublement de la réserve de gaz du bord (difficile de recharger en Norvège)
Déplacement du bateau de Lorient à Calais, et carénage à Calais
Fabrication de conserves maison pour emporter de la bonne bouffe française (Chili con carne, poulet, veau, boeuf, mogettes, ratatouille, terrines)
Tentatives infructueuses de négociation avec les douanes Norvégiennes (ils limitent à 3 litres par personne le vin qu'on peut apporter, arghhhh)
Cartographie et rêveries sur les cartes,
Etude de la météo et calculs de route,
Installation d'un téléphone satellite à bord
Acquisition de leurres de pèche adaptés à la faune des fjord
Et même, achat d'un roman norvégien dont l'action se passe aux iles Lofoten (pas encore lu)

Bref, on est remontés à bloc, un peu anxieux de découvrir ce que cette "merra incognita" nous réserve, et totalement surexités dans ces derniers jours.

Nous partons avec Michel, qui connaît Skol, pour avoir traversé le retour des Açores à bord. Il a de nouveau envie d'une tranche de navigation hauturière. Il embarquera à Calais et débarquera à Alesund. Nous poursuivrons à deux.

Populations Littorales: Acqua Alta

La rubrique "Populations Littorales" rassemble des observations et réflexions sur les stratégies des populations littorales confrontées à l'érosion cotière ou à la montée du niveau des océans.

Aujourd'hui nous mettons un ligne un nouvel article, intitulé  Acqua Alta, qui évoque la situation des habitants de la ville de Venise lorsque les grandes marées d'équinoxe se conjugent avec le mauvais temps. Il s'agit, dans une certaine mesure, d'une préfiguration de ce qui se produira pour de nombreuses villes côtières dans les décennies à venir, avec la montée des océans. 

Si nos navigations sur Skol nous portent un jour en méditerrannée, voilà une ville que nous ne tenterons pas de visiter à la "belle saison"...

Carénage à Calais

Avant toute chose, rappelons pour le lecteur novice que le carénage est un nettoyage complet des parties du bateau qui sont habituellement dans l'eau. Donc, sortir le bateau de l'eau, frotter partout les algues et coquillages et remettre une ou deux couches de protection. On fait ça généralement une fois par an.

Mais ...  quelle drôle d'idée d'aller faire ça à Calais lorsque le bateau est basé à Lorient !   Eh bien voilà : Calais est un des ports les plus au Nord de la France continentale.  Cela ne vous avance pas beaucoup, comme explication, n'est-ce pas ? Bon; la suite de l'explication : nous avons le projet de mettre cap plein Nord en juillet.

Alors, le voyage du printemps entre Lorient et Calais, ce petit tour de Bretagne et cette remontée de la Manche, contre vents et marées, ce n'était pas QUE pour le plaisir. Cette navigation était aussi et surtout destinée à nous permettre de gagner vers l'Est et vers le Nord. Et mettre le bateau en attente après carénage et check-up.

Maintenant, si vous prenez une carte quelconque et que vous regardez ce qu'il y a au Nord de Calais, vous verrez.... la mer du Nord et ses champs de pétrole Anglais, et puis encore  la mer du Nord et ses champs de pétrole Norvégiens. Norvégiens.

Il y a actuellement des publicités dans le métro Parisien, des publicités d'une agence de voyage qui propose la destination Norvège. Ses slogans sont : 1°) la Norvège, une des plus belles destinations au monde. 2°) Les Fjord de Norvège, la plus belle destination au monde.

Rassurez vous ! Nous ne nous sommes pas laissés séduire par la pub car nous savons très bien que la plus belle destination au monde c'est vénus, la planète de l'amour...

Aucun paradis terrestre ne sera vraiment paradisiaque un jour de mauvaise humeur.

Ce projet de voyage dans le Grand Nord nous habite depuis l'automne dernier mais nous ne souhaitions pas trop en parler à l'avance. A cause des possibles séquelles des récentes réparations, des soucis de santé des familles et d'une petite superstition inspirée du fait que nous avions annoncé en mars 2010 la destination Madère. Trop tôt. Le naufrage en mai 2010 a immobilisé Skol en chantier pendant plus d'un an, nous ne sommes pas allés à Madère.

Aujourd'hui, nous sommes prèts à partir dans un mois vers le Nord, notre projet pour l'été. Espoir d'atteindre au moins le cercle polaire et si possible l'archipel des Lofoten, quelques jours de mer plus loin. Il faudra faire demi-tour début aout, pour ne pas nous exposer aux revirements de la météo.

Falaises (Etretat à la voile)

Nous avions une grande envie de longer les falaises, celles qui démarrent à Antifer et vont jusqu'au Tréport. En passant par Etretat, bien sûr. Envie de voir de l'extérieur, avec un peu de recul mais pas trop et en prenant le temps, ces impressionnantes peinture - sculptures qui nous révèlent des traces de mouvements telluriques et nous rappellent que la terre et la mer se livrent une guerre de territoire sur tous les littoraux du monde. J'érode ici, tu ensables ailleurs.

C''est un autre contact avec la nature. Ni animaux ni plantes, quelque chose de plus profond, de plus originel. Et il y en a pour de longues heures de contemplation et quelques photos, prises entre les grains un peu vifs de ce printemps agité.

Partis de Cherbourg la veille, nous arrivions à l'approche des côtes quelques heures trop tôt, avant la fin de la nuit. Les choix faits pour combler ses heures en attendant l'aube ont donné lieu à les éclats de voix dont les échos ont quelque peu troublé la journée de contemplation de ces merveilles de la nature.  Ariel et Isabelle se livrent parfois une petite guerre de territoire sur le littoral du co-skippage. J'improvise ici, tu poses des règles ailleurs. Ces péripéties et d'autres illustreront la lettre Q de l'abécédaire, Q comme Querelles ou comment deux personnalités et deux visions des priorités à bord peuvent s'affronter, même avec les meilleures intentions du monde. Notre quète du "mieux vivre ensemble" rencontre parfois des difficultés, avouons-le.

A tâton

Certains endroits soumis à forte amplitude de marée ne doivent être abordés qu'à des heures bien précises, à cause des courants, qui peuvent être contraires, violents, voire parfois porter sur des dangers, ou pour des besoin de hauteur d'eau, pour que la quille ne frotte pas le fond au passage. Mais c'est un peu par hasard que nous sommes arrivés à l'embouchure du Jaudy, la rivière qui mène a la petite ville de Tréguier, exactement à la bonne heure et dans les bonnes conditions: le vent avait été capricieux toute la journée et 6 heures de marée contraire nous avaient longtemps retenus au large. Nous nous engageons dans les méandres encadrés de roches par une belle nuit enluminée d'une lune presque pleine, mais avec un vent réduit à un souffle léger et le courant de marée faiblissant vers son minimum. Tout est calme et propice à cette entrée exigeante.

Un dauphin solitaire nous accueille de quelques bonds qui nous font sursauter: veut-il nous inviter à incurver légèrement notre route pour éviter le danger un peu plus loin ou simplement nous accueillir avec grâce sur son territoire?

L'eau est un miroir sur lequel se détachent les bouées, perches et roches à éviter, la silhouette sombre d'une tourelle non éclairée défile à babord et le pinceau lumineux du phare de la Corne nous guide à intervalle régulier : secteur blanc, un éclat toutes les 10 secondes. Il faudra remonter loin dans la rivière pour trouver le port de Treguier, 8 milles au total, soit 3 bonnes heures de navigation attentive dans un chenal parfois très étroit, souvent sinueux. Heureusement il est balisé tout du long par des bouées lumineuses, ce qui autorise l'entrée de nuit. Les quarts d'heure passent, les dangers explicitement signalés dans les instructions nautiques sont franchis, nous pensons pouvoir relâcher un peu l'attention, mais non, car nous découvrons tout à coup dans le noir que des bouées d'amarrage pour petits bateaux se multiplient sur les bords du chenal, que des algues flottent qu'il est difficile de distinguer d'un affleurement de vase, et que la visibilité se trouble.

La lune n'éclaire plus rien, une brume s'est levée, d'abord légère puis plus épaisse. Lorsqu'on passe à coté d'une bouée qui nous jette au visage son spot lumineux vert ou rouge, il faut maintenant plisser des yeux pour déceler dans la ouate le lumignon ténu de la bouée suivante, quelques centaines de mètres plus loin. Et puis plus rien. Arrive un moment où la bouée suivante n'est pas visible. On va où maintenant ?

Il se produit alors quelques chose d'étrange car, ayant perdu tout repère visuel, ma main semble ne plus savoir guider le bateau. Ou plutôt ma main me dit que nous allons tout droit et l'écran d'ordinateur, en bas sur la table à cartes, me dit que je suis en train de tourner. Je crois un instant avoir affaire à un tourbillon de courant qui me pousserait sur le coté et qu'il faudrait donc compenser par une petite marche en crabe, mais non: je suis simplement incapable d'effectuer les micro-corrections de route que la main sur la barre assure d'habitude inconsciemment lorsque l'oeil a accès à un repère extérieur. Je pense que ma barre est au milieu, mais en fait elle est un tout petit peu décalée. C'est un peu comme la clef de l'équilibre en bicyclette, qui réside dans les micro-mouvements de guidon que l'on fait en permanence. Si on ne les fait pas, on tombe. Ici, comme je ne fais pas les micro-ajustements, je tourne. Sensation très troublante. Et l'écran d'ordinateur ne me donne pas l'information nécessaire pour ces micro-ajustements car sa fréquence de mise à jour des données induit un temps de retard.

Il me faut quelques secondes pour réaliser que je dispose en réalité d'un repère, en l'occurrence nos bons vieux compas de route !  Je les avais oubliés, ceux-là, dans cette petite navigation moderne entre le GPS et l'écran d'ordinateur qui déploie mon trajet d'un trait rouge !!!  Car nous sommes ici en "merra ingognita", c'est à dire sans avoir à bord la carte papier au niveau de détail requis pour ce genre d'exercice technique. Un choix mûrement réfléchi, un apprentissage progressif de la navigation côtière dans des terrains inconnus de nous et que nous n'irons voir qu'une fois, une acceptation raisonnée d'une certaine dépendance à l'informatique, pour ne pas nous limiter dans nos choix de route aux seules escales dont nous aurions la carte papier détaillée ou bien nous encombrer de kilos de cartes à usage unique. Nous avons déjà décrit à la lettre B de l'abécédaire nos souvenirs de navigation dans la Brume, mais la rivière de Tréguier nous a offert ici un raffinement supplémentaire. En effet, peut d'entrées d'abri sont si longues qu'on ne sache pas, en s'y engageant, quel temps il fera tout du long.  Faute de l'ordinateur pour nous montrer notre déplacement réel, nous aurions peut-être choisi de rester à proximité de la dernière bouée passée en attendant que le brouillard s'estompe. Ou jeter l'ancre sur place. Ou bien nous aurions opté pour une avancée millimétrique dans la direction approximative de la prochaine bouée, en nous aidant du compas de route, jusqu'à la voir percer dans la brume.

Nous avons progressé de lumignon ténu en lumignon étouffé par la ouate, jusqu'à l'endroit où devait se situer, selon les livres d'instructions nautiques, un ponton d'attente qui nous permettrait de finir la nuit. Nous l'avons trouvé, à tâton.

Pénurie joyeuse

En quittant Lorient, nous avons fait l'impasse sur l'arrêt au poste à carburant, sur la base d'une sensation partagée que nos réserves étaient confortables*. Mais une navigation entre deux coups de vent et entre deux abris, avec panne de vent de plusieurs heures au milieu et courant contraire à la fin nous ayant conduits à faire tourner le moteur de nombreuses heures, nous nous sommes posés la question plus méthodiquement: où en sommes-nous de nos réserves?

Un premier calcul rapide, sur la base des heures d'utilisation du moteur, nous tranquillise.  Et puis nous réalisons que Mister Taylors, notre sympathique poêle, qui prélève également sur le réservoir principal de carburant, a beaucoup tourné lui aussi ces derniers temps. Le calcul est un peu plus long car il faut reprendre le journal de bord et relever les heures d'allumage et d'extinction du chauffage depuis le mois de décembre, totaliser, avant de multiplier par la consommation horaire. Ce second calcul fait apparaître que nous avons beaucoup consommé**. La météo, elle, laisse entendre que notre prochaine navigation sera également entre deux coups de vent et avec des horaires de marée pointus***. Et la rivière dans laquelle nous sommes n'a pas de poste à carburant sur quai. Nous pourrions attendre l'accalmie et aller au ponton avec notre jerrycan de 10 litres jusqu'à la station à terre, un peu plus loin, mais finalement, nous préférons la jouer rustique : restriction de chauffage.

Nous prenons cette restriction avec le sourire, comme une péripétie intéressante, voire amusante et il nous revient alors que les récits de voyages de voiliers en Patagonie ou en Alaska mentionnent souvent cette accommodation des équipages au froid et le fait que 14 ou 15 degrés dans la cabine au quotidien, c'est tout à fait vivable. Nous avons nous-mêmes déjà connu des petits matins à bord où la température était inférieure à 10 degrés au réveil et où nous n'avions pas toujours envie d'allumer le chauffage avant le petit déjeuner, lorsque la promesse de rayons de soleil frappant l'habitacle à travers tous nos hublots était évidente. Ces matins-là, il pouvait même y avoir du givre à l'intérieur du bateau, sur l'armature métallique des hublots de pont, ou même de petites stalactites accochées à des têtes de rivets métalliques, des histoires de "pont" thermique.  

Mais aujourd'hui, il ne faut pas compter sur l'effet de serre sur les hublots car dehors c'est tempête, vent, nuages et pluie sans discontinuer, et nous devons bien nous emmitoufler: double paire de chaussettes, cols roulés, polaires, plaid sur les épaules, et même les mitaines pour taper au clavier le projet de texte de l'abécédaire pour la lettre W : "Winch", à paraître prochainement. Vous avez dit maso ?

Précisions techniques :

* Notre réservoir à carburant n'est pas équipé d'une jauge de niveau. Il faut pourtant suivre avec soin la consommation de Gaz-Oil, car la panne de carburant serait à la fois un risque sécurité et un soucis de désamorçage du moteur diesel.  Nous avons donc pris l'habitude de surveiller le nombre d'heures de fonctionnement du moteur (horamêtre moteur) et de nous baser sur une estimation de la consommation horaire moyenne (les moteurs de bateau consomment des litres par heure et non pas des litres aux cent kilomètres). Cette méthode nous a permis de ne jamais tomber en panne de carburant. Il faut dire que 1 litre à l'heure de consommation, pour 120 litres de réservoir à carburant et une pratique du moteur très parcimonieuse, ça laisse de la marge. Nous avons ainsi petit à petit développé tous les deux un sens approximatif de l'état de nos réserves de Gas-Oil en fonction de notre utilisation du moteur.

**Attentive à ne pas rater le total d'heures de fonctionnement, je ne me suis pas rendue compte que le chiffre de consommation du poêle que j'utilisais était totalement erroné (presque trois fois supérieure à la réalité). En fait, il nous restait plus ou moins 50 litres.

*** Pendant la navigation en question, une angoisse nous prend : sommes-nous certains de la capacité totale du réservoir ? Nous nous sommes toujours basés sur les 120 litres annoncés par les plans, mais rien ne nous assure que le réservoir a été construit conformément aux plans. Nous épluchons l'historique des pleins dans le journal de bord et constatons que nous n'avons jamais mis plus de 100 litres en une seule fois. Il nous reste 25 litres sur la base d'une capacité du réservoir de 120 litres, mais seulement 5 litres sur la base du dernier plein, celui de décembre. Arrggghhhh !!!  Mais pourquoi donc n'ai-je pas mesuré le réservoir pendant qu'il était à l'air libre lors du chantier ?????? C'est à ce moment-là que nous vérifions tous les calculs, consultons la documentation du chauffage pour vérifier sa consommation maximale et constatons mon erreur.  Du coup, on va bricoler une jauge externe qu'on plongera dans le réservoir, par l'orifice de remplissage, lors des prochains pleins.

 

Image d'archive : Formation de givre sur l'armature du capot de pont alors même que nous vivons à bord, pendant un hiver précédent.

Populations Littorales: Ports inondables

La rubrique "Populations Littorales" rassemble des observations et réflexions sur les stratégies des populations littorales confrontées à l'érosion cotière ou à la montée du niveau des océans.

Aujourd'hui nous mettons un ligne un nouvel article, intitulé  Un port inondable, qui décrit le port de Noirmoutier en tant qu'illustration de la relation complexe qui se noue entre une ville portuaire et les eaux entrantes et sortantes, les eaux du ciel et les eaux de la mer.

Roscoff-Bloscon en avant-première

Dans notre tour de Bretagne jusque là contre vents adverses, nous avons programmé une escale à Roscoff-Bloscon, port tout récent signalé en page 169 de l’Almanach du Marin Breton version 2012. Ce port présente à nos yeux ce jour là l’indéniable avantage d’être accessible à toute heure de la marée, ce qui n’est le cas pour aucun des ports de la côte nord de Bretagne entre l’Aber-Vrach (pointe ouest de la Bretagne) et la rivière de Tréguier (proche de Paimpol). Tous les ports le long de ces 90 milles de trajet sont soit à l’échouage, soit à porte fermée la moitié du temps pour retenir l’eau, ce qui, dans les deux cas, impose une forte contrainte au programme de navigation. Cet avantage est sans doute l’un des motifs de construction de ce port, d’ailleurs, compensant son éloignement de la ville de Roscoff et son implantation en environnement de port de commerce, peu bucolique.

Donc Roscoff-Bloscon s’annonce comme une escale « efficace » à défaut d’être plaisante. En réalité, la construction du port a 2 ans de retard et il n’offre que quelques pontons sans eau ni électricité, ni sanitaires, ni même, au passage, d’accès à terre. La passerelle de liaison entre les pontons et la digue n’est pas en place. En fait, le port n’est pas vraiment ouvert, mais vous pouvez vous y amarrer selon la capitainerie du port de commerce qui répond à la VHF et au téléphone indiqués par l’Almanach. Il doit en avoir marre, le pauvre, de devoir répétitivement annoncer aux plaisanciers attirés par cette escale que le port est en retard, que l’Almanach du Marin Breton n’est pas à jour, même à propos des tarifs 2011, que l’ouverture est prévue pour début mai (on est le 1er mai), ou bien peut-être début juin…
La capitainerie du Port de Plaisance, qui découvre votre présence le lendemain (si le lendemain est un jour ouvré), n’est pas du tout du même avis, et pourrait bien vous sommer de partir dans les 5 minutes sous peine, au choix, d’un procès-verbal, de couper vos amarres, ou de porter plainte, mais au moins vous avez passé les heures de marée contraire à vous reposer au lieu de lutter. Escale "efficace" et ... gratuite !

A l'aube, avec la marée

Nous avons démarré notre croisière de printemps vers Calais entre deux coups de vent, une petite fenêtre météo qui nous a permis de passer presque complètement la pointe de Bretagne. Après deux jour de tempête passés a cocooner au corps-mort, nichés bien a l'abri dans l'Aber-Ildut, une nouvelle fenêtre de temps calme s'ouvre. Pour profiter des courants de marée qui nous aiderons pendant les 6 prochaines heures à entrer dans la Manche, nous partons tôt . Le jour s'est levé pendant le café et voici le soleil. Des petits matins comme on les aime.

Quizz Breton

A l'occasion de l'"été breton" 2012, bien avant l'été pourri de juillet et loin de l'été indien que les bretons se réserveront comme d'habitude pour après le départ des estivants, donc à l'occasion de ce premier été qui, après avoir glissé de juin à avril, tend a se déplacer vers le mois de mars, nous sommes partis quelques jours à la recherche d'un petit mouillage tranquille. Nous avons trouvé notre bonheur, à vous de deviner où. C'est un quizz en deux étapes:  1°) quel est ce phare?  2°) d'où exactement la photo a-elle été prise?

Le premier internaute qui donne la bonne réponse (nom du Phare, position GPS du photographe ou dénomination précise de l'endroit d'où le cliché est pris) gagne un pavillon Skol, le pavillon le plus sexy de la région!

Utilisez les commentaires en bas de note pour soumettre vos propositions!

Hors concours : Steph, Rico, XY, Julie, Thomas ...

 

Populations littorales : Vue sur la Mer

La rubrique "Populations Littorales" rassemble des observations et réflexions sur les stratégies des populations littorales confrontées à l'érosion cotière ou à la montée du niveau des océans.

Aujourd'hui nous mettons un ligne un nouvel article, intitulé  "Vue sur la Mer", qui évoque les aspects sociologiques du désir de Vue-Imprenable-Sur-La-Mer.