A une amie qui me demandait dernièrement si j’étais bien en France et pour combien de temps, car elle avait envie de me voir - la bonne idée ! - , je me suis entendue répondre, à ma plus grande surprise, « je pense que je suis en France pour le restant de ma vie ». C’est parfois ainsi qu’on prend conscience d’une vérité nouvelle, qui croissait sous la surface comme un rhizome et qui soudain fait surface et pointe son nez, comme si elle avait toujours été là.
Il était pourtant bien ficelé mon projet d’alternance France - Açores, tout mon entourage y a "cru" ! C’est seulement quand la logique a pris un coup de fissure sous l’effet du point de vue enfin explicité de ma fille chérie, que petit à petit les autres personnes de mon entourage ont commencé à me témoigner qu’en effet, j’avais l’air bien sûre de moi mais que à elles, vu depuis leur vie normale Française, ça semblait un peu complexe (tous ces allers et retour à prévoir vers le milieu d’un océan), un peu difficile (la langue et la culture d’un autre pays) et un peu curieux, même, du côté du sens profond (décider du refuge ultime de mes aimés sans les consulter). Mais on n’osait pas questionner. Voilà comment ils sont les proches et les amis ! Trop délicats, alors qu’ils devraient vous confronter quand ils vous voient foncer dans un truc qui leur semble étrange. Du coup, je travaille encore à élucider le processus, qui m'a conduite si loin dans un projet tellement surdimensionné par rapport à ce que j'avais en tête initialement, car j’aimerai bien ne pas m’embarquer dans une autre si douloureuse et si couteuse chimère.
Donc voilà. La France, c’est là où sont mes proches, c’est là où je me sens chez moi, c’est là où je peux espérer comprendre ce que les gens expriment, même en blaguant et même à demi-mots, c’est là où je peux œuvrer à améliorer le monde en comprenant un tout petit peu dans quel genre de système mon action s’inscrit ou à quels mécanismes elle s’oppose, c’est en France que je pourrai le mieux discerner les frontières et limites, comprendre les possibles et les obstacles à mes aspirations, m'intégrer dans des collectifs. C’est en France, surtout, que je peux espérer être utile à ceux que j’aime, dans le temps proche, selon leurs besoins et mes capacités.
Je rends grâce à ma fille, grâce à qui mon énergie et mes ressources vont finalement se trouver moins dispersées dans la nouvelle décennie d'aventures qui s'ouvre.
Bonne année !
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