Quel immense soulagement que mon voyage au bout du monde se soit achevé en 2019 ! Il était grand temps que je rentre en France, pour vivre auprès des miens les épreuves qui s’annoncent. Je ne parle pas du confinement, car pour nous, occidentaux prospères non engagés dans les métiers du soin et leurs périphériques indispensables, ce confinement n’est pas une épreuve, tout juste un face à face inconfortable avec certaines de nos limites. Non, quand je parle d’épreuves, je pense à la suite.
En attendant, vous je ne sais pas mais moi, ce coup sur la tête que sont en train de prendre les compagnies croisiéristes me remplit d’espoir. Alors que nous entrons sans doute dans une ère où la menace de pandémie sera constante, l’idée d’aller s’enfermer dans un paquebot avec des centaines d’autres passagers en huis-clos risque de ne plus tenter grand monde. Et c’est tant mieux ! Finis les déversements de milliers de touristes acheteurs compulsifs dans des petites villes dont les équilibres sociaux et économiques sont ainsi terriblement distordus, et finies les visites au monde sauvage en masse et à grand coup d’énergie fossile (1). Se pourrait-il que ce pan de l’industrie touristique dominatrice tombe entier, d’un coup d’un seul ? On peut rêver aux usages intelligents (hum) qui pourraient être faits de ces buildings flottants, maintenant qu’ils sont construits. Des logements HLM pour pays inondables ? Des hôpitaux mobiles pour les prochaines pandémies ? Je suis prête à parier que les bateaux et leurs équipages rêvent de se reconvertir de la prédation au soin. les actionnaires et les dirigeants, c'est moins sûr, mais qui sait ?
Complément le 1 avril 2020 : Mes suggestions de réemploi des navires à passagers tombés dans l’obsolescence s’entendent « en rachetant à bas prix , voire à un euro symbolique lesdits navires, après la faillite pleine et entière des compagnies croisiéristes et sans un sou d’aide aux actionnaires de la part des États ». Je pensais cela évident mais un article de Médiapart (2) montre que des vautours stratégistes du choc ont déjà songé à faire d’une telle reconversion un moyen cynique pour assurer le remboursement des dettes des compagnies à leurs préteurs.
- En avril 2018 déjà je partageais mes doutes sur la pertinence des voyages au long cours, quel que soit le moyen employé.
- "Hopital Public: la note explosive de la Caisse des Dépots" par Laurent Mauduit et Martine Orange le 1er avril 2020
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