Le second groupe est constitué des cultures dont le cycle s’accomplit entre mai et octobre. Entre quelques céréales, une gamme de légumineuses et les légumes habituels de cette saison, nous lui consacrons cette année également deux parcelles de cent m² . Ce groupe est celui qui dispose de la fenêtre temporelle la plus tendue pour accomplir son cycle jusqu'au bout. Si le printemps est frais, ça prend du retard, si les pluies d'automne arrivent un peu tôt, ça peut gâcher la récolte. On trouve dans ce groupe les légumes d'été auxquels beaucoup de jardinièr-es amateurices réduisent la notion de potager vivrier, occultant souvent tout le groupe des légumes d'hiver, dont je parlerai bientôt. Beaucoup de cultures de ce groupe ont besoin de chaleur pour se développer, et comme la promesse des climatologues tend vers un réchauffement de nos climats estivaux, je pousse le bouchon jusqu'à tenter d'introduire des productions qui n'ont pour le moment rien à faire en Bretagne. Quand les gens me demandent "ça pousse ici?" la réponse courte est "on va voir" et la réponse longue examine la nuance entre "ça pousse" et "ça produit" ainsi que la différence entre "ça produit anecdotiquement" et "ça pourrait faire une culture vivrière". Car une culture vivrière s'affranchir du coût économique de la main d’œuvre et place donc les seuils de productivité plus bas que les cultures destinées à la vente.
Voici donc les cultures que j’ai installées, entre fin avril et début juillet.
- des maïs doux, maïs rouges, maïs popcorn, maïs grains, cultivés dans des zones aussi éloignées que possible les unes des autres. Je crois que j’ai encore une fois semé trop dense, donc les pieds donneront peu d’épis chacun mais c’est pas grave. Au moins, je n’ai pas semé ou repiqué 3 ou 4 graines par poquet, mais généralement une seule. Je vais bien finir par m’habituer à la fiabilité de germination du maïs. Il doit bien y avoir 150 pieds de maïs doux et si ça marche bien, je tenterai de faire des conserves en plus de la consommation en cuisine en frais. Je n’ai jamais encore récolté le maïs doux en frais, j’étais absente des lieux de culture à ce moment-là les années précédentes et de toutes façons j’en produisais trop peu. Les maïs non doux seront à récolter à la toute fin d’été, pour le plaisir des yeux, pour des essais de popcorn si j’ai bien fait ma sélection et sinon, pour les poules !
- des haricots communs (phaseolus vulgaris) nains et grimpants, que je ne compte pas récolter en haricots vert, sauf exception, mais laisser mûrir jusqu’au sec car c’est la protéine végétale que je vise. Il a fallu les resemer plusieurs fois à cause de ces satanées limaces, mais point positif, cette année, je les ai tous semés en direct, ce qui sera un facteur de sélection. Je crois avoir repéré quelques individus à très larges feuilles, peut-être des hybridations des années précédentes, bien que l’hybridation des haricots communs soit rare. Ma collection comporte plusieurs dizaines de variétés, que je cultive, récolte, stocke et cuisine en mélange, sans tenter de séparer les types, tailles et formes.
- Cette année j’ai associé les haricots grimpants à des maïs ou du sorgho, dans l’espoir qu’ils fassent équipe. Mais les céréales sont un peu lentes à monter et il faut quand même quelques piquets de bambous pour soutenir les plus précoces à tendre leur liane. J’associe les haricots nains à rien ou à du millet, en me disant que le binôme céréale/légumineuse est bon pour le sol et que les hauteurs des plantes font qu’ils ne se gêneront pas trop.
- des haricots africains, les niébés (vigna unguiculata), que j’ai semés en grand nombre cette année, après un premier essai assez plaisant l’an dernier. Il sont déjà germé et passé le stade risqué de la prédation par les limaces, donc je commence à espérer avoir une vraie récolte. J’en ai trois planches de 50 à 100 pieds chacune.
- les planche de niébé sont bordées de rangs de mil, dont il me restait de la semence malgré mon échec l’an dernier. J’avais bien réussi en septembre à récolter des épis chargés de quelques graines mais les passereaux ont tout mangé sur la tige pendant le séchage sous la serre. Cette année, je les envelopperai d’un sac d’étamine pour le séchage !
- j’ai aussi semé des haricots espagnols (phaseolus coccineus) dont j’apprécie la vigueur et la productivité en fin de saison, mais qui ne supportent pas les grosses chaleurs. Ainsi, j’aurai des chances de produire de la protéine végétale quel que soit le climat cet été. Du niébé en quantité s’il fait très chaud, du haricot commun s’il fait normal et du haricot espagnol s’il fait plutôt frais…
- un rang de quinoa m’a donné du fil à retordre, surtout le mix multivariétés que j’avais reçu des états unis, dans la perspective de devenir la tête de pont européenne de ce mix-là. Il y avait de l’enjeu à ne pas le rater, mais je pense que je l’ai semé trop tôt, et mon logis est sombre et mal chauffé. Il a donc manqué de lumière et de chaleur pendant la levée, puis son développement s’est complètement arrêté pendant deux semaines, puis il a subit un grignotage de quasiment toutes les têtes par un animal non identifié , quelques temps après le repiquage. Bref. Moins de la moitié des graines semées est aujourd’hui au stade de déploiement mais c’est réjouissant quand même parce que maintenant ils sont bien vigoureux. J’attends de voir les couleurs de floraison, qui peuvent être très variées. J’ai complété ce rang avec un semi direct de mes propres quinoas de l’an dernier, pour les comparer et peut-être les voir s’hybrider ensemble. Et puis, par précaution, je n’avais semé que la moitié de la dose reçue, donc j’aurai une nouvelle occasion l’an prochain, si jamais....
- au bout du rang de quinoa, il restait un petit carré libre dans lequel j’ai déposé une pincée de graines d’amarantes géantes, reçues en troc pour un premier essai. La graine d’amarante est comestible, et cette plante est aussi très productive en biomasse donc utile dans les couverts végétaux d’été. Si j’arrive à la multiplier, elle pourrait servir aux deux usages.
- une demi-planche porte un premier essai de semi de graines de chia, une plante que Wayne a cultivé l’an dernier à titre d’essai et que j’ai trouvé jolie et facile à récolter. C’est une graine comestible très riche en nutriments qu’il pourrait être sympa de produire ici au lieu de l’acheter en provenance d’Amérique Latine. La germination a commencé, j’ai repéré sous la paille légère des cotylédons que je ne connais pas. C’est mon premier semi de lamiacée, une famille dans laquelle on trouve les menthes et les sauges, des plantes vivaces que je n’ai cultivées qu’à partir de bouture jusqu’à présent.
- un dernier semi de tournesol oléique, que j’avais réussi à faire pousser l’an dernier mais qui , cette année a été rasé par deux fois complètement par les limaces. Maintenant que les grosses chaleurs sont arrivées, et le temps plus sec, je peux espérer qu’elles aient battu en retraite et que ce troisième semi arrive à pousser.
- Le long des tournesol j’ai tenté un semi de Dolique ou Haricot Lablab (vigan aristata) dont je ne connais rien mais dont j’ai entendu parlé comme d’une famille de légumineuses africaines encore différente des autres
- quelques pieds d’arachide, issues de mes essais de l’an dernier, que j’espère savoir mieux accompagner cette année. Par exemple, j'ai tellement peur des limaces que je ne paille pas leur petit carré, quitte à devoir désherber plus souvent. Évidemment, si les température restent en dessous des normales, elles auront du mal à grandir....l'arachide est une légumineuse, même si elle contient beaucoup plus de gras que les autres, elle a cette capacité à fixer l'azote et donc à se passer d'engrais.
- quelques pieds de haricot azuki (vigna angularis) d’origine asiatique dont la réputation comme aliment est excellente. La germination a été difficile : sur plusieurs dizaines de graines mises à germer je n’ai obtenus que huit pieds.
Dans ce groupe de cultures d’été, les membres du collectif ont installé sur une des parcelles de 100m2 quelques uns des grands classiques du potager d’été
- des patates de conservation, qui resteront au champ jusqu’à ce que le feuillage soit complètement fanée , signal que la peau est formée et la capacité de conservation maximisée.
- des courges qui ont peiné à s’installer, et à échapper aux limaces mais finalement commencent à grandir.
- des courgettes, un petit essai de semi direct , dévoré plusieurs fois par les limaces, et resemé avec conviction, dont un pied survivant de la première fournée a commencé à produire.
- des poivrons et des salades en quinconce, à moins que les poivrons ne soient des piments, surprise, surprise...
- huit pieds de concombre semés par la petite Lucille et qui peinent à grandir, en cette saison plus fraîche que de raison
- des haricots sans fils pour manger en vert
- une belle collection de tomates, peu développées et qui donc tarderont à produire, mais la variété «à port indéterminé » sera intéressante à observer.
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