La plupart des bâtiments chiliens sont dramatiquement mal isolés, même dans le sud du pays, où les températures baissent en hiver jusque proche du gel, voire en dessous. On voit souvent le jour sous la porte d'entrée, les fenêtres ne sont pas toujours jointives, sont rarement dotées de vrais rideaux épais et jamais équipées de volets qu'on pourrait fermer la nuit pour garder la chaleur. Même les murs et les toits laissent passer l'air par endroit, entre les planches ou entre les plaques de tôle. Alors dans ce pays, on chauffe parcimonieusement, puisque la chaleur ne reste pas. D'ailleurs, le chauffage central est rarissime. Les gens utilisent pour se chauffer des dispositifs qui sont, chez nous, considérés comme des chauffages d'appoint. Unité mobile de chauffage au kérosène, au gaz, souvent un petit poêle à bois, parfois un radiateur électrique à bain d'huile sur roulettes qu'on déplace d'une pièce à l'autre. Ils allument quand ils sont là, coupent la nuit, rallument au réveil et éteignent de nouveau quand ils partent au travail. Ils passent une bonne partie de leur temps à « attendre que ça chauffe ». Tout le monde le sait. Le voyageur qui réserve une chambre d'hôtel modeste s'attend à de bonnes couvertures et enfilera sans broncher son bonnet et son blouson pour aller prendre le petit déjeuner, marquant ainsi une normalité reconnue de la situation. On garde le manteau au restaurant et dans les magasins, et parfois également dans les administrations. Le seul bâtiment que j'ai vu correctement chauffé est le cabinet du dentiste où régnait, exception, une température proche de 18°C. Même alors, la salle d'attente elle-même était glaciale.
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