Quand j’ai rencontré les Microorganismes Efficaces Natifs, a la ferme d’Alejandro, j’ai eu comme une illumination similaire à celle que j’avais ressentie cinq ans plus tôt en entendant parler du jeûne thérapeutique par un scientifique à la radio. Mais oui mais c’est bien sûr ! Evidemment qu’un tel mécanisme devait exister quelque part dans la nature. Les MEN sont bons à tant de chose qu’on dirait un cadeau de dame nature. Ils accélèrent la décomposition des matières organiques végétales et animales (1) de sorte à produire un engrais en quelques semaines alors que le compostage nécessite plusieurs mois et ne supporte pas bien les déchets d’animaux. Ils le font en supprimant les mauvaises odeurs, si bien qu’on peut les utiliser dans les canalisations domestiques pour les nettoyer et les désodoriser. Ils assainissent la litière du poulailler et en améliorent la performance comme engrais pour le jardin potager. Ils assainissent la terre du potager et les plantes elles-mêmes, en occupant le terrain bactérien ce qui gêne le développement des maladies et parasites. La place est déjà prise ! On en met dans l‘eau des poules pour soutenir leur santé et certains humains en boivent même un peu en dilution pour assainir leur système digestif.
J’avais déjà vaguement entendu parler de la puissance des bactéries comme dépolluant il y a quelques années, par un client très intéressant. Cet homme était à la tête d’une petite entreprise d’expertise écologique, lui-même fou de nature et capable de converser avec les arbres. Quand il me racontait ces pratiques non cartésiennes, je le croyais sans hésiter, à cause de la relation de grande confiance que nous avions. Par confiance et pour la confiance. Après tout je lui racontais moi-même des choses un peu surprenantes à ses yeux à propos des relations entre humains et des effets des mots sur le mental, donc je n’allais pas commencer à mettre en doute sa parole, même si ce qu’il disait était surprenant à mes yeux. C’est cet homme-là qui, quand il a su que je partais en bateau vers la Norvège, a insisté pour me parler du Pygargue à Queue Blanche. Il m’a raconté des histoires passionnantes de consultation des arbres et de la terre avant les choix d’implantation de bâtiments ou de routes, en France et au Magreb. Il m’a expliqué comment il rendait visite au plus vieil arbre d’un terrain pour apprendre de lui où chercher les espèces protégées de plantes et d’animaux et comment, dans son équipe, un critère d’intégration durable était la capacité à utiliser ses sens invisibles dans le dialogue avec la nature. Il parlait de ses jeunes collaborateurs avec admiration pour ces talents-là, celui qui savait trouver l’eau, celle qui savait débusquer les plantes rares, tous et toutes hautement diplômés par ailleurs, jusqu’à dix-huit personnes alliant toutes le savoir cartésien de la science et un savoir non cartésien précieux. C’est lui (2), donc, qui m’a parlé la première fois de processus de nettoyage par les bactéries, il s’agissait si je me souviens bien de décontaminer des cuves de pétrole. J’étais émerveillée à l’idée d’un grouillement de petits auxiliaires microscopiques travaillant à dépolluer, à réparer les erreurs humaines. En y repensant aujourd’hui, je me demande si ce n’est pas lui qui a éveillé en moi cette ouverture aux savoirs parallèles, tout en gardant une grande vigilance aux sources de ces savoirs.
Donc quand Alejandro, agronome diplômé et maraicher depuis cinq ans, nous a parlé de ces microorganismes dont il faisait un usage varié dans sa ferme agro écologique, j’ai été de nouveau illuminée par la beauté de la chose. En plus de servir à plein de fonctions bénéfiques à la maison et au jardin, solutionnant des problèmes qui chez d’autres nécessitent le recours à des produits chimiques (engrais chimiques, traitements contre les maladies), ces micro-organismes ne s’achètent pas, car les seuls bons sont ceux qui viennent de votre propre terroir. C’est le sens du mot « natifs » dans la dénomination. J’ai bien trouvé dans l’internet des tas d’offres de vente de MEN mais je me permets d’insister sur cette vérité, jamais un MEN acheté n’aura une efficacité à la hauteur de celle d’un MEN prélevé et cultivé sur place. J’ai lu tout récemment dans un livre (3) de Perrine et Charles Hervé-Gruyer, les créateurs de la ferme du Bec Helluin, qu’il existe naturellement dans notre environnement trois sortes de microorganismes : 10% de maléfiques dominants, 10% de bénéfiques dominants et 80% de suiveurs qui vont se convertir selon l’équilibre entre les maléfiques et les bénéfiques. C’est ainsi qu’un renforcement de la population de bénéfiques permet de faire basculer la quasi-totalité de la population bactérienne au service de la bonne cause. Sauf que les combinaisons de bactéries varient d’un lieu à l’autre, en fonction du biotope et du climat, il vaut donc mieux prélever à proximité de chez soi, à proximité du lieu d’utilisation avant de cultiver en sélectionnant les bénéfiques. Le processus de culture et sélection, lui, est quasi universel et peut se vendre sous forme de formation pratique. Une séquence (4) de quelques jours qui associe séjour aérobie et séjour anaérobie avec des aliments appropriés pour la multiplication, puis le produit obtenu se conserve plusieurs mois pour l’utilisation en pur ou en dilué. Mis au point formellement il y a quelques décennies au japon, il se transmet et se propage petit à petit dans le monde agricole partout dans le monde, c’est vraiment génial.
La nature soigne la nature, il suffit de lui donner un petit coup de pouce (5) pour lui permettre de faire ce travail. Exactement comme mon corps sait se soigner si je lui en laisse l’opportunité en mettant mon système digestif au repos. Depuis que je pratique le jeûne (cinq ans) les seuls médicaments que j’ai pris sont deux jours de traitement antihistaminique (6), un seul traitement antibiotique prescrit par mon dentiste pour faire baisser le niveau de ma maladie parodontale et quelques antalgiques suite aux interventions dentaires. Pour le reste, j’utilise des huiles essentielles et des préparations homéopathiques ou compléments alimentaires (7) à base de plantes. Mais il faut noter que ma pratique régulière du jeûne est concomitante à ma pratique du voyage à la voile et il se pourrait bien que la vie saine et l’alimentation cuisinée à bord aient une part significative également dans ma bonne santé. De la même manière, les MEN, même utilisables en préventif et en curatif, ne dispenseront pas le maraicher de mettre en œuvre d’autres bonnes pratiques de soin à la terre et aux plantes. J’ai hâte de mettre ça en pratique dans mon jardin ! Comme un cycle d’auto soin au jardin et à moi-même, en synchronisant mes jeûnes et mes préparations de MEN. A suivre.
- Ce qui permet la production de Bokashi, super-engrais concentré.
- Je suis ravie de parler de lui, un des clients avec lesquels j’ai le mieux apprécié mon travail d’accompagnement de dirigeants.
- Titre du livre :
- Mon propos ici n’est pas de donner la recette mais elle n’est pas secrète.
- Petit coup de pouce qui n’nécessite un eu de travail, disons, tous les trois mois, pour lancer la préparation d’une nouvelle provision de MEN. C’est la raison pour laquelle pas mal de gens préfèrent acheter, surtout lorsque leur utilisation est modeste. Dans ce cas, il est préférable d’acheter auprès de gens qui produisent pas trop loin de chez soi.
- Dont je suis persuadée aujourd’hui que j’aurai pu me dispenser en jeûnant quelques jours tout simplement. Mais à l’époque, c’était ma première année de pratique, je n’étais pas aussi expérimentée en jeûne et je n’imaginais pas pouvoir improviser un jeûne curatif en dehors de mes jeûnes de fond. J’y ai songé mais j’ai imaginé que les médicaments viendraient plus vite à bout de cette éruption allergique assez douloureuse.
- Uniquement pour soutenir mes faiblesses hormonales de la cinquantaine, quand elles se font un peu trop présentes.
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