L'an dernier, ma première tentative de culture de millet a été fort réussie. La météo ayant été parfaitement africaine en Morbihan, y'a pas de mérite à ça. Deux cent grammes semés, deux kilos récoltés, moins de dix mètres carrés occupés. Ce qui augmente l'intérêt de cette culture à mes yeux, c'est la possibilité de tout faire à la main. La récolte est facile. J'ai fait sécher les bouquets quelques semaines tête en bas avec un drap en dessous pour recueillir les grains au cas ou ça tombe , mais ça ne tombait pas. Le battage est sans difficulté, les grains se détachent volontiers quand on frappe le bouquet dans une poubelle. Le vannage dans un léger courant d'air est un pur bonheur. J'aime vraiment tout particulièrement cette opération. Après ça, et bien le millet aurait été prêt à passer en cuisine si je n'avais décidé de tout garder pour la semence.
Le sorgho a été moins agréable, le moment propice de la récolte est plus difficile à déterminer. Ensuite, même avec un battage vigoureux, les grains restent en grappes ce qui n'est pas trop gênant si on veut juste resemer mais ne convient pas du tout pour passer en cuisine. Je ne sais pas comment font les meufs africaines non mécanisées. Je trouverai peut-être un jour mais en attendant, je me contenterai des usages non alimentaires pour cette céréale, c'est à dire dans les couverts végétaux d'été, où sa productivité en biomasse est excellente, ou bien pour les poules.
Cette année, j'avais envie de tenter encore de nouveaux trucs. Comme j'ai appris, au sein du réseau des Jardiniers Sauvages de Yann, qu'il existe en France une institution en charge de la conservation des semences qui fournit très volontiers des échantillons à qui en demande, j'ai creusé la question. J'en avais entendu parler déjà en 2020 dans le cadre d'un MOOC sur les semences , mais à l'époque je n'avais pas trop accordé de crédit à cette info, me disant que c'était sûrement plus compliqué que ça, ou réservé aux gros professionnels. Et bien non. Il suffit d'exposer son projet et de s'engager dans un contrat qui porte surtout sur la non commercialisation pendant les essais et l'obligation de retour d'information sur le déroulement des essais.
Mon projet de cultiver des céréales africaines en Bretagne a interpellé la chercheuse du CRB de Montpellier (1) qui a reçu mon mail. "Voilà une demande qui sort de l'ordinaire!" . Elle a voulu en parler au téléphone avec moi, a vérifié que j'avais bien compris les limites de l'exercice, tout en validant la pertinence de commencer les essais dès maintenant. Elle m'a ensuite promis de consulter ses collègues pour qu'ils lui désignent les variétés les plus susceptibles de réussir dans mon projet. Quelques semaines plus tard, je recevais une série de contrats à signer, et dans la foulée, les échantillons.
Ielles m'ont expédié du riz d'origine hongroise, du mil français et des cacahuètes burkinabées. Ma demande initiale portait du riz, des cacahuètes et du niébé , mais ils n'ont pas encore de niébé en bibliothèque. Le mil, c'est elle qui me l'a recommandé quand je lui ai décrit ce qui m'intéressait dans le millet. "Vous allez voir, c'est encore plus facile et les grains sont plus gros" - "Mais bien volontiers, madame !" . J'ai une autorisation pour cultiver ces graines à des fins d'acclimatation et multiplication.
Les essais sont en cours, j'ai déjà obtenu les premières germinations. Comme j'ai peu de semences et que je ne connais pas encore ces espèces, je procède en plusieurs séries de semi avec des conditions un peu différentes et je note tout ! Trempage ou pas, type de terreau, délai de levée, et croissance.
- Centre des Ressources Biologiques GAMéT de Montpellier (GAMéT pour Graines Adaptées aux conditions Méditerranéennes et Tropicales)
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