Jardin le 24 mai 2024
Fin juin, moment de bascule au champ. Les trois grands groupes de culture, tels qu’on les approche en agriculture naturelle, sont en mouvement. Les semis et repiquages de culture d’été sont finis, les cultures installées avant le printemps arrivent à maturité et les semis des cultures pour l’automne – hiver vont démarrer. Les six cent m² que nous avons fait labourer début mars sont maintenant presque tous occupés par une culture ou un essai de culture ou une culture d’attente. Il a suffit de quatre mois pour que quelque chose prenne forme, remarqué par les visiteureuses du lieu, surtout celleux qui sont déjà venu-es précédemment. Ah, oui, la présence d’une néo-paysanne dans le groupe, ça donne une autre dimension au projet de potager vivrier.
Jardin le 4 juillet 2024
Dans le premier groupe, qui occupe deux parcelles de cent m² , les cultures installées sitôt après le travail du sol, en l’espace de eux ou trois semaines, se sont bien développées pour la plupart. Le sol d’abord nu ou légèrement paillé, et parfois voilé sous des filets anti-oiseaux s’est progressivement teinté de vert. Puis les végétaux se sont densifié, le vert est devenu majoritaire. Semaine après semaine, leur altitude a augmenté. Les floraisons ont teinté le vert: jaune de la moutarde en aplat, confettis colorés des légumineuses plus discrèts. Touche mauve d’un bouquet vigoureux de phacélie. Puis les épis du blé se sont formés pendant que la moutarde perdait sa couleur au profit des siliques, dans lesquels se formeront les graines. Les premières gousses des fèves et pois se sont formés, la floraison des lentilles et des pois chiques démarrait tout juste.
Pendant ce temps, on débâchait et égalisait le sol des autres parcelles, une après l’autre, pour les préparer à recevoir le second groupe de cultures, celles qu’on installe en mai et juin. Les semis ont commencé fin avril et se sont étalés jusque fin juin, à mesure que les températures augmentaient dans l’air et dans le sol. J’ai découvert pour cette première et dernière fois le confort que procure le fait de semer en sol travaillé. La plage de temps disponible pour les semis est ample, les semis directs sont faciles à faire, même si la voracité des limaces oblige parfois à resemer une partie ou la totalité du rang.
La majorité de mes semis cette année a été faite en direct, en « pleine terre », soit à la volée soit en poquets de quelques graines à un ou deux centimètres sous la surface, soit grain à grain, lorsque je savais que la germination serait bonne. J’ai ainsi économisé du soin et du travail et surtout, je commence à acclimater à ce geste les semences donc j’aimerai qu’elles soient capables de cet effort, de germer dans des conditions moins bichonnées que le terreau moelleux et l’ambiance cocooning de la serre, sans vent, lumière tamisée, arrosage plusieurs fois par jour. Les membres du collectif ont parfois semé en direct et parfois produit les plants potagers avant de les repiquer, et c'est bien. Chacun chacune avance sans dogmatisme en fonction de ses objectifs d'apprentissage ou de production.
Une seconde fois le sol nu ou légèrement paillé s’est teinté de vert.
Aujourd’hui, les parcelles du second groupe sont en train de se densifier, et de s’élever, pendant que celles du premier groupe donnent leurs premiers signes de déclin, ou plutôt de maturation. J’établis des listes de récoltes à programmer dans les semaines à venir. Celles qu’on va pouvoir étaler dans le temps et celles pour lesquelles il faudra rassembler une équipe autour d’une date favorable.
C’est une grande joie pour moi d’être dans ce rôle de chef d’orchestre et de sentir mon aisance grandir. Je n’ai plus comme les années précédentes cette urgence de vite vite semer, car je vais bientôt repartir sur la route vers d’autres lieux. J’ai la joie de suivre de près le développement des espèces que je commence à bien comprendre. Je n’ai plus peur de rater une culture. Je rate moins et quand bien même c’’est moins grave pour moi, j’ai du stock de semences et des idées de substitution si besoin.....
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