Chères et chers lecteurices, comment ça va pour vous en ces temps de dérive sociale et politique ?
Moi, la révision, par le nouveau locataire de la Maison Blanche, du lexique de la recherche autorisée m’a fait penser aux récits des premières années des dictatures chilienne, argentine brésilienne et uruguayenne que j’ai croisés là-bas il y a quelques années. Froid dans le dos. Froid dans le dos qu’un dirigeant du pays le plus puissant au monde conçoive un tel mode d’action sur la société. Glaçant que, semble-t’il, les administrations obtempèrent si vite, passent immédiatement à l’acte de supprimer des pages, des articles, des données publiques, de la recherche financée par l’état. Comment est-ce possible ?
Jean-Marc Jancovici disait récemment qu’il ne croyait pas de Trump allait apporter quoi que ce soit qui n’était pas déjà présent dans la société nord-américaine. En voilà la preuve ? Un vent de censure était déjà présent, sinon les désirs du souverain ne seraient pas passés aussi vite dans la pratique ? Ou bien au contraire, est-ce qu’on nous cache qu’il existe une résistance des fonctionnaires et institutions à l’entreprise de démolition engagée ?
Vous faites comment, vous, pour assimiler ces informations ? Moi je replonge un coup. Repli en mode « larve ». Binge-séries. Service minimum. Et tenter de ne pas être désagréable avec mon entourage. Parce qu’on n’a pas besoin en plus de s’embrouiller avec les gens qu’on aime, ou qu’on aime bien, ni même avec les gens qu’on n’aime pas spécialement.
Sentiment de perdre prise. Extension du domaine du lâché-prise ? Ça sert à quoi de se préoccuper de l’avenir si la grande malfaisance, malveillance, cruauté, a tant de prise sur le cours des choses, elle ? On ne pâtira pas tant du changement climatique que du changement de régime que va faire surgir le changement climatique. Déjà même en France on les voit depuis quelques temps, les tentatives de vider les mots de leur sens, comme un début de nettoyage langagier. Et contre ça, je ne suis pas armée.
Il faudrait se former à la pensée critique autant qu’à l’agriculture de restauration des sols. Il faudrait des réseaux d’entraide intellectuelle en plus des réseaux d’entre-dépendance de subsistance.
Bientôt, les plantations et semis du printemps seront à faire. Ai-je la main sur le choix d’une fenêtre météo correcte ? Bientôt, il faudra aussi se passer des prévisions météo, elles seront vérolées par les dénialistes. Ils sont en train de démanteler la NOAA. C'est le plus important service de collecte et d’analyse des données météorologiques au monde, dont le travail sert de base à pratiquement tous les services de prévision météo de la planète. Déjà qu'avec les modifications du climat, les prévisions devenaient moins précises, moins fiables, mais si on n’en a plus du tout, on fera comment ?
On va quand même planter les échalotes dans quelques jours. Elles s'en sortiront même si on se loupe un peu sur la météo. Et je vais greffer quelques cerisiers. En deux sessions, surtout s’il gèle encore.
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