Petite discussion hier avec ma nièce, sur nos pratiques physiques quotidiennes respectives, pour elle les acrobaties spectaculaires de Capoeira et pour moi la lenteur du Tai-Chi. Nous découvrons que la notion d’intention est importante dans les deux disciplines. En Tai-Chi, l’intention précède le regard, qui est lui-même suivi de l’orientation des hanches, et enfin les jambes et les bras finissent le mouvement. La notion d’intention trotte entre mes deux oreilles pendant ma pratique d’hier et encore aujourd’hui, régulièrement repoussée par mon esprit en quête du silence mental si difficile à atteindre en cette époque troublée, mais régulièrement ramenée à la surface de mes pensées, comme par une force insistante. Alors je l’accueille et tente de percevoir ce qu’elle cherche à me dire (1).
Nous avons beaucoup d’interrogations sur les intentions de nos dirigeants actuellement. Les actes suivent les intentions mais sont toujours limités par les possibilités du moment. Les failles de planification et de discours face à l’épidémie sont-elles dues à des intentions défaillantes ou à des moyens objectivement limités ? Je ne pense pas seulement aux limites de notre système de santé, qui sont le produit d’intentions antérieures, mais aussi aux limites cognitives et empathiques de nos dirigeants élevés hors-sol. Jusqu’à quand peut-on faire remonter l’intention qui a conduit à la situation dans laquelle nous sommes ? Y aurait-il un moyen d’élire des dirigeants aux intentions favorables au bien commun ?
Ceux d’entre nous qui s’inscrivaient déjà dans l’intention « post-collapse » sont évidemment infiniment moins choqués et atterrés par la pandémie et ses conséquences sur l’équation économique mondiale que ceux d’entre nous qui roulaient encore sur l’autoroute de la prospérité occidentale consumériste haut carbone . Il est possible et prévisible que les bouleversements de nos modes de vie soient considérables bien au-delà de la période de confinement. Et nous avons le choix de résister, en nous arc-boutant à l’idée d’un « retour à la normale » ou bien de réorienter nos intentions existentielles. Les possibilités sont en train de changer, les limites bougent, on le voit, il est possible d’arrêter la machine destructrice, quand c’est pour un motif impérieux.
Combien serons-nous dans le grand mouvement de réduction de l'empreinte carbone, de la surconsommation et des dépendances au système capitaliste après cette pause forcée ? Des dizaines de millions ? Des centaines de millions ? Des milliards ?
Ça pourrait changer la donne, non?
- J'ai bien senti des chatouillis du coté de la plaie encore ouverte des intentions de mon ex-chéribibi lorsqu’il s’est activé à me pousser à grande vitesse dans une direction qui allait s’avérer totalement inappropriée pour moi. Ça devient une plaisanterie dans la famille confinée « Ariel, sort de cette tête ! ». En réalité, je fais constamment des allers-retours entre ma situation particulière et le vaste monde. Think global, act local.
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