On nous a trompés depuis des siècles avec le mythe des vertus de la compétition. On nous a trompés en nous faisant croire que c’est ainsi que le monde fonctionne, qu’il progresse, qu’il avance. On nous a vanté l’action des « leaders », des « meilleurs » , la stimulation compétitive voire avec la domination elle-même comme la condition d'obtention du progrès, de l'efficacité. La vérité est toute autre : ce qui fait fonctionner le monde, ce qui tient les sociétés debout, ce qui les fait avancer, dans tous les domaines, c’est la coopération, les interactions intelligentes et sensibles, l’entraide.
J’ai mis longtemps à transitionner de la croyance générale historique à ma solide conviction présente, passant de nombreuses années dans les limbes d’une pensée molle. Je sentais bien que quelque chose clochait fondamentalement dans l’idolâtrie occidentale pour la compétition, mais j’admettais encore que dans certains cas, sous certaines conditions, la compétition pouvait avoir ses vertus. Ben finalement, non. Quand je regarde vraiment le monde tel qu’il fonctionne, je vois la compétition et la domination très répandues mais je ne vois pas que ce soient elles qui fassent avancer le schmilblick. Au contraire, je les observe et je vois que ce sont des freins, des obstacles, des ralentissements des gaspillages et je vois que chaque fois qu’on me les présente comme source d’avancées, je suis capable de désigner le processus de coopération qui en réalité a fait avancer les choses.
Pour prendre un exemple, juste un exemple, la conquête de la lune n’a pas été réalisée du fait de la compétition entre les USA et la Russie, mais parce que de chaque coté, des équipes techniques se sont mises en coopération pour le faire. Ça n’a pas été la victoire d’un pays sur un autre mais une avancée de l’humanité en savoirs et en compétences pratiques face aux lois de la gravité terrestre. Sans la compétition, sans le jeu de domination qui se jouait entre ces nations, les forces des équipes du monde entier auraient pu être réunies au lieu d’être divisées et parvenir plus vite et à moindre coût au résultat. Le panache récolté par les vainqueur a coûté cher et continue à coûter très cher à l’humanité.
Mais nous sommes immergés dans un bain culturel qui continue à survaloriser et promouvoir la compétition et à invisibiliser, voire entraver, la coopération. Et nous apprenons à tous les âges beaucoup plus de techniques pour gagner sur les autres quitte à ce que cela se fasse au détriment de l’intérêt commun, que d’astuces pour huiler des interactions mutuellement bénéfiques et profitables à toustes. Et malgré ce handicap considérable, beaucoup de choses fonctionnent, bon an, mal an. Alors il est permis de rêver à ce qui se passerait si c’était l’inverse. Si on apprenait à tous les âges, si on s’encourageait les un-es les autres, si on valorisait en priorité, les attitudes coopératives, confiantes, transparentes, plus que les réflexes compétitifs, individualistes, manipulateurs.
Réflexion particulièrement intelligente et qui se vérifie maintes fois dans le monde de l'entreprise. La seule valeur ajoutée d'une compétition est l'effet de lièvre quand des meilleurs poussent les autres à forcer sur leur capacités ce qui peut décoincer certaines limites que l'on pense avoir. Mais cela reste peu à coté des dégâts de la compétition qui détruisent la mise en commun du savoir et des compétences. Dans le monde industriel, il est incroyable de constater sur le terrain les effets pervers de la compétition à la rentabilité entre les sites industriels d'une même compagnie. L'innovation est complètement avortée par le milieu, mais certainement que c'est aussi la volonté inavouée des groupes industriels européens qui sous le contrôle de fonds d'investissement n'ont que l'objectif de rentabilité en dividende, le reste n'étant une affaire de romantiques insignifiants.
Comment cela peut-il être "accepté" par les citoyens, c'est simplement que ce système touche aux points faibles de l'humain : la convoitise, la jalousie, l'égoïsme la luxure etc... Même un dirigeant du pays pense que : si on a pas une Rolex à 50 ans, c'est qu'on a raté sa vie…
A l'époque , j'avais pensé que je n'aurai jamais une rolex dont je me fous royalement, mais j'ai un voilier et une guitare pour m'éloigner de ceux qui ont une Rolex.
Rédigé par : Fabien | 09/03/2022 à 11:04
@ Fabien : ravie de te lire de nouveau, et merci de ton commentaire nourri.
L'effet de lièvre me laisse pensive. le fait de "forcer", ou "se forcer" fait des dégâts. Des dégâts immédiats, sous forme de violence faite à soi-même par soi-même ou par autrui ou par la situation compétitive. et des dégâts à long terme en entretenant l'idée (fausse) que c'est la seule manière de progresser.
Il existe d'autres voies pour décoincer les limites qu'on pense avoir, n'est-ce pas ? Les groupes d'entraide, le soutien, l'encouragement, la créativité, la thérapie etc... Toutes ces voies sont sans dégât collatéral et donc font avancer le schmilblic, il me semble. Quelle surprise, elles sont de nature coopérative !
J'espère que tu vas bien dans ta vie, tes projets, ta famille.
Rédigé par : isabelle | 10/03/2022 à 20:31