Ma pratique du tressage de joncs sauvages se poursuit avec une belle continuité, par monts et par vaux, depuis mon retour en France. Un ami qui m’offre souvent des jeunes plants d’arbres et arbustes pour trafiquer dans mes déplacements d’un collectif à l’autre remarquait l’autre jour qu’il voyait toujours une botte de joncs en train de sécher à l’arrière de mon camion. C’est que j’ai toujours un ouvrage en cours, ou presque. Dernièrement le chéri de ma fille a passé commande, avec des dimensions assez précises. Il ignorait que ma maîtrise de la matière n’en était pas encore là ; le ratio longueur/largeur est conditionné par plusieurs paramètres flous. Maintenant il le sait. Des deux paniers commandés aux mêmes dimensions, l’un est un peu bancal, le second tombe droit ! Les deux ont été accueillis dans la joie. Il y a des niveaux de bancalité qui sont plus charmants que gênants, en réalité. Moi, je regarde toujours mes ouvrages avec en mémoire l’étalon parfait des ouvrages de Gabriela et Maria-Isabel, mais je suis bien la seule ! Une vannière d’osier expérimentée m’a félicité récemment en voyant mon petit dernier et m’a demandé de la prévenir quand j’organiserai une transmission. Tout ça n’est pas pour me vanter mais pour venir au sujet de l’osier, matière très différente du jonc, sur laquelle je lorgne depuis quelques temps.
Lorsque je me suis engagée dans l’apprentissage de la vannerie Kawesqar avec Maria-Isabel, mon premier souhait a été d’apprendre comment me procurer la matière première (lien vers blog), afin d’être autonome. Similairement, avant même d’apprendre à tresser l’osier, j’ai laissé traîner mes oreilles et mes yeux à la glane d’informations sur la nature et la culture de l’osier. J’ai même déjà commencé à en planter : boutures de multiplication de variétés croisées par hasard, haies vives plantées chez Yann et Sarah, pour agrémenter les alentours de la grange. Ces premières tentatives à la volée n’ont pas été magistralement réussies, mais elles n’ont rien coûté et j’aime bien bricoler avec les végétaux même quand je n’ai pas le temps d’étudier sérieusement, car un cycle annuel même raté m’en apprend plus que pas de cycle du tout. De ce fait, lorsqu’une invitation m’a été tendue pour participer à un atelier avec une pro, j’étais prête avec déjà des questions, des cases où ranger l’information.
Alors voilà, maintenant je sais plein de choses. Que l’osier est le rejet annuel d’un saule conduit en trogne ou tétard. Qu’il est long, régulier en diamètre et sans ramification quand la taille a été bien faite plusieurs années d’affilée. Qu’il en existe plusieurs centaines de variétés aux propriétés diverses ; diamètre, longueur, couleur, souplesse. Qu’il peut être utilisé vivant, planté ou couché au contact du sol pour faire des haies et des facsines qui s’enracineront, ou bien tressé encore vert directement après récolte, sinon tressé brut après séchage avec son écorce. Mais les ouvrages de vannerie les plus durables sont fabriqués avec de l’osier écorcé, ou désactivé dont on a pelé l’écorce de chaque brin au printemps, après que la sève se soit remise en mouvement dans les bottes gardées pieds dans l’eau.
Mes mains ont découvert avec fébrilité et joie les gestes et les efforts que cette matière demande, à travers la fabrication d’une jolie petite mangeoire à oiseau dont le niveau de finition fait illusion de loin et en photo. De panier aucun encore n’est sorti de mes mains, mais la lecture d’une revue spécialisée m’est maintenant accessible, je comprends la plupart des techniques décrites !
Quatre variétés soigneusement étiquetées sont désormais en culture dans ma collection vivante de pépiniériste en herbe. A suivre !
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