C’est étrange comme on révise au fil du temps ses convictions. On les réorganise. Les raisons pour lesquelles je veux cheminer dans le monde des collectifs de vie alternative sont entrain de se réagencer.
La dimension collapso se réduit, non parce que je ne crois plus à un futur collapse de notre société mais parce que je choisis de me focaliser sur un aspect, histoire de ne pas me noyer dans la vastitude de la tâche. Mon attention se centre de plus en plus vers « qu’est-ce qu’on mangera dans vingt ans et comment on le cultivera ? » . Bien entendu, produire la nourriture d’aujourd’hui et s’organiser pour dépendre moins des systèmes centralisés de distribution est important. Mais c’est surtout apprendre à produire la nourriture, se préparer à devoir produire, qui me semble prioritaire aujourd’hui, plus que produire réellement ce que je mange aujourd’hui. Tant que j’ai de l’argent pour acheter auprès de gens qui produisent correctement, il me semble moins urgent de produire effectivement moi-même ma nourriture de tous les jours.
Il s’agit, à mon avis, d’apprendre à produire non seulement les légumes, mais aussi les autres éléments majeurs du bol alimentaire : les céréales et les légumineuses. Ces aliments à haute teneur en calories sont produits de manière mécanisée, donc seront vite touchés par toute restriction de pétrole. Bien plus vite et bien plus fort que les légumes et les fruits, dont la part de main d’œuvre est nettement plus élevée. Ce qui se fait déjà à la main se fera encore à la main même sans pétrole. Par conséquent, les prix des fruits et légumes sont aujourd’hui plus proches de leur vrai niveaux ceux des céréales et légumineuses, qui ne reflètent pas les externalités négatives de leurs modes de production et de distribution.
Changent aussi en moi mes idées sur les mécanismes de fonctionnement collectif. J’ai cru un temps que les collectifs de vie sont des systèmes tellement à parts que mes savoirs dans ce domaine ne s’appliquaient pas forcément, savoir que j’avais moyennement envie de re-mobiliser, pour ne pas me retrouver surplombante. C’était méconnaître ce qu’allaient me coûter les dysfonctionnements collectifs. Ceux qu’on ne peut pas renvoyer au niveau individuel, ni au niveau inter-individuels. Ceux qui impliquent tout le monde lorsqu’à travers nous se jouent des forces sociales qui dépassent l’individu. Du coup, mes aspirations à la gouvernance flottante, partagée, à l’autogestion , à l’intelligence collective se précisent, et je me vois repartir en apprentissage, pour rafraîchir mes savoirs , les actualiser, les compléter.
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