La saison d’osiériculture bat son plein. Après avoir aidé en décembre à la récolte d’une parcelle au sein de la vaste oseraie associative de Gwialenn Ar Vro, dans le nord du Finistère, j’y retournerai mi-janvier, pour la journée de tri.
Tailler à genoux pendant quelques heures, former les bottes non triées, juste pour le transport, et les porter jusqu’à la remorque, c’était déjà une joie immense. Les rangs d’une oseraie mature sont denses et colorés et la taille annuelle des pieds, qu’on réduit à des moignons, favorise un développement d’une grande homogénéité de calibre des brins. La remorque pleine contient la promesse d’une multitude de paniers futurs. Un matériau renouvelable, gratuit et biodégradable. La nature est généreuse quand on la traite bien, c’est fou !
Les vanniers et vannières aussi sont généreux-ses. De conseils, d’encouragements, de temps . Je comprend cette envie de partager, je la ressens moi-même, surtout avec les savoirs-faire anciens. Ma voisine à midi m’a suggèré une astuce pour inclure les brins rouges et trapus du cornouiller sans déséquilibrer la forme, mais personne autour de la table n’a su décrire avec certitude les conditions qui garantissent que l’osier jaune ne noircira pas. Une question d’âge de l’osier au moment du tressage, mais aussi une question d’ombrage pendant toute la phase de séchage, ou peut-être d’hygrométrie. A suivre. Du coup, je suis très fière de mon petit panier jaune que j’ai tressé l’an dernier, qui a viré à l’orangé dans prendre une pointe de noir.
La récolte de la petite oseraie Brangoulo sera modeste, puisqu’il s’agit de la première année et de seulement (!) cinq cent pieds. Pas d’urgence, l’hiver n’est pas encore fini. Nous nous accordons du temps pour assembler un groupe d’apprentissage, de coapprentissage, dont la première rencontre se fera justement autour de la récolte. Cette oseraie est un sujet d’interrogation, en lien avec mon départ de Brangoulo. Plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi je m’en préoccupais, alors même que je quitte le projet. Une oseraie, si elle n’est pas taillée, une fois l’an, ne progresse pas en production d’osier, mais en production de saules, ce qui n’est pas la même chose ! Ca serait dommage que l’énergie consacrée par les personnes qui nous ont fait cadeau des boutures, le temps de Jean-Claude qui nous a accompagnés de ses conseils pour la plantation et la sueur des woofeuses et bénévoles qui ont préparé le sol, planté, paillé et désherbé plusieurs fois par saison soit dilapidée dès la fin de la première année, alors qu'on vient de stabiliser la situation. Donc en attendant que le hameau de Brangoulo se repeuple et qu’un relais soit pris, je me sens mieux de suivre l’affaire.
En parallèle, je suis allée tailler quelques pieds d’alba et de jaune chez Jean-Claude, à Moëlan et je m’amuse à trier cette petite récolte en bottes calibrées pour des projets. L’alba fournira des montants de paniers, et avec le grand jaune, on construira peut-être des structures en osier vivant, riches de l’expérience de l’an dernier. Youpee.
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