En semant la fin des haricots hier, j’avais bien conscience du caractère aléatoire de mon geste. Mon outil, fait d’un tube biseauté et légèrement ouvert au bas, traverse d’abord les dix à quinze centimètres de solide paille d’avoine (1) avant de toucher quelque chose de dur. Je ne vois rien, mais je sens. Ai-je touché le sol ? Une tige épaisse ? Une touffe racinaire ? La pointe a-t’elle pénétré la terre ? Suffisamment ? Je tourne l’outil pour ameublir localement tout en creusant un peu, ce qui dirige mécaniquement la pointe vers une zone libre de grosses racines d’avoine ou de féverole. Je ne vois toujours pas ce qui se passe. Puis j’introduis dans le haut du tube les six graines que j’ai décidé d’affecter à chaque « poquet » de semi. C’est bien plus qu’il n’en faut mais justement, comme les tiges et feuillages du couvert sont à peine écartés par le tube, je ne peux pas bien voir si toutes les graines tombent vraiment dans le creux et pas à coté, en rebondissant par exemple. Puis je touille de nouveau avec l’extrémité de mon outil, en tentant de rabattre de la terre sur les graines déposées, à l’aveugle.
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