Suite et écho à cette autre note, « Mort Annoncée De Mon iPhone », du début de l’année 2017. Il s’agissait alors de la cessation de fonctionnement de mon iPhone, à la suite d’un court et malencontreux plongeon dans l’eau de mer, et des réflexions que cette perte matérielle, informationnelle et symbolique avait déclenchées en moi. Par la suite, en 2017, 2018 et la bonne part de 2019, je me suis longuement contentée d’un téléphone portable sans écran, à l’ancienne, comme on dit maintenant, à la grande surprise des populations chiliennes, argentines, uruguayennes, brésiliennes croisées à chaque escale, qui considéraient comme allant de soi le passage au smartphone, même quand on n’en avait pas vraiment les moyens. J’en étais fière, tout comme j’étais fière de prolonger l’usage de mon petit ordi ASUS à l’écran cassé, en acceptant un fonctionnement dégradé par rapport à la promesse initiale mais encore suffisante pour l’écriture de mes notes de blogs, les Skype avec les aimés et les quelques dizaines d’heures de surf internet mensuelles que ma vie nomade autorisait.
Et puis voilà, le retour en France en aout 2019 ayant coïncidé avec une dégradation très handicapante du fonctionnement du petit téléphone rouge, dont la longévité en milieu salin fut néanmoins étonnante, il m’a fallu décider de le remplacer. Et puis voilà que je n’ai pas su résister à la tentation de la multifonctionnalité de ces engins diaboliques à écran tactile. J’avais l’excuse du Fairphone et j’ai replongé directement dans une dépendance à la connectivité qui pourrait sembler modérée car sans Facebook ni twitter, mais qui, à mes propres yeux, dans mon for intérieur, celui qui s’était promis d’être vigilante, est surprenante. Mais bon, j’en suis là, période transitoire dans une vie en transition au cours de laquelle la reliance (1) que me procure ce petit engin m’est douce et utile. Dépendance confiante. A tel point que j’étais agacée de devoir m’en séparer le temps d’un aller-retour à l’atelier de réparation, pour un problème d’écouteur et de micro gênant mais pas rédhibitoire. Aussi, quelle n’a pas été ma joie quand l’intervention à coque ouverte et le remplacement des deux petits modules défectueux a réussi ! Non seulement je restais « pluggée » à mon bidule, mais en plus j’expérimentais concrètement la réparabilité en action, moi qui ait tant fustigé l’irresponsable irréparabilité de l’iPhone.
La relecture de la note sur l’iPhone m’a conduite à deux autres réflexions, que je partage dans la foulée. D’une part j’ai toujours un attachement particulier pour le dialogue silencieux avec les lecteurices et cette sorte de devoir de suite que les bloggeureuses féru-e-s d’effets d’annonce n’honorent pas suffisamment à mes yeux. Et d’autre part, plus touchant pour moi, et dans un tout autre registre, je redécouvre la revisite de mon passé professionnel que la perte de mon iPhone avait provoquée. La distance tranquille avec laquelle je faisais la part du bon et du moins bon dans ce passé-là, quelques années après l’avoir quitté, me redonne espoir de parvenir un jour à faire la part du bon et du moins bon dans les années « voyage » de ma vie, avec une tranquillité semblable, même s’il me faut admettre que je n’y suis pas encore !
- Ayant d’abord écrit « reliance » entre guillemets, en croyant créer le mot, une petite vérification me fait découvrir ou redécouvrir que le mot existe et signifie bien l’acte de créer des liens entre des personnes ou des systèmes.
Les commentaires récents