Qu’il est bon de prendre enfin des initiatives ! Depuis que je suis arrivée en France je suis engagée dans une minuscule transition au sein de la grande. Après avoir semé, planté, récolté pour les autres, dans des jardins et maraichages existants où j’avance dans mon apprentissage, je (re)commence à prendre de petites décisions moi-même et c’est jubilatoire.
Récoltes : Revenant d'une longue absence, j’ai attaqué la taille d’une haie de troènes que les locataires avaient laissée monter à l’exubérance. Mais au bout de deux mètres, je me suis arrêtée. Le pied de vigne des voisins avait poussé loin sa croissance de notre côté et donné une superbe production d’un raisin presque mûr, les grappes entremêlées au feuillage de la haie sur lequel elles pesaient. J’avais devant moi ce qui se produit quand on ne taille pas une vigne : que du bon. Il suffit de la guider et de lui fournir des supports à portée de récolte ! J’ai donc cueilli deux ou trois fois par semaine, plusieurs kilos à chaque fois, à mesure que, le temps avançant et le soleil aidant (puisque j’avais ôté pas mal du feuillage de la haie) les grains finissaient de grossir et mûrir. L’an prochain elle poursuivra peut-être son chemin aérien jusqu’au poirier !
De l’autre côté de la maison, le vieux pommier franc (c’est-à-dire grand format) qui siège au fond du minuscule jardin est une aberration. Il est trop ample pour une récolte facile, il fait trop d’ombre, les pommes murissent mal et tombent sous la ramure, constellées de vers et de défauts pour y pourrir en couche épaisse si on ne les évacue pas au fur et à mesure. J’ai quand même pris l’habitude, puisque c’est la saison, de faire un tour de glane sur le sol de temps en temps pour récolter ce qui était tombé et en fabriquer des compotes et des pâtes de fruit. Il me reste à décider ce que j’en ferai à long terme, de cet encombrant pommier. Il faudrait le remplacer par quelque chose de plus maitrisable. Une séquence de remplacement sur plusieurs années, à planifier intelligemment.
Semis d’hiver: En octobre, j’ai semé une toute petite surface de couvert d’hiver, dans le jardin de la maison, les locataires sont d’accord. Un mélange de ma concoction à base de vieux stocks de graines à germer et de quelques nouvelles graines achetées, toutes choisies pour leur époque de semis automnal. Des céréales, des légumineuses et des fleurs J’ai semé directement sur le sol non travaillé mais j’ai ensuite étalé un tapis de petites branches issues de la taille des haies, pour que les oiseaux ne picorent pas toutes mes semences avant qu’elle germent.
Plantations chez ma soeur et chez moi: en septembre, j’ai pris l’initiative de pailler le pied des fruitiers de ma sœur, pour réduire la concurrence de l’herbe. Ça m’est venu comme un réflexe, un réflexe nouvellement acquis, tout frais, une évidence dont j’ignorais qu’elle s’était déjà installée en moi, au milieu de tous mes micro-apprentissages. Fin octobre, la visite d'un jardin ami nous a laissé en main un pied de consoude et deux Casseillers (1), que j'ai répartis entre les deux jardins. Plantation des pieds de Casseillers et boutures multiples avec les tiges, en pleine terre. J'ai diversifié les lieux d'implantation des boutures , on verra bien ce qui reprendra. De nouveaux fruits dans deux ans?
Ces petits gestes, ces actions minuscules sont une manière d’introduire dans ma vie quotidienne les soins à la terre et aux arbres, de manière légère. Peu de travail, peu d’attentes, tenir compte de la saison, penser sur le long terme les gestes non réversibles.
Le rouge gorge, qui a toujours résidé ici, dans un coin du jardin, sans que je sache jamais si c’est le même, a suivi attentivement mes petites opérations, pas trop perturbantes pour son biotope. On a papoté un peu lui et moi, comme des voisins.
(1) Hybride de Cassissier et de Groseiller. Si mes bouture réussissent je réduirai l'an prochain le pied de haie en vis à vis. Il s'agit de remplacer du non comestible moche par du comestible joli et peu exigeant.
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