Au long des lectures et écoutes de ce qui se conte et se témoigne sur la toile, je suis titillée par des situations dans lesquelles des personnes souhaitent que soit préservée une facilité que le monde occidental prospère leur accordait comme un droit et dont il me semble qu’on pourrait se dispenser le temps que passe la tempête virale. Je pense au droit de rejoindre sa résidence secondaire dans une ile bretonne, je pense à la possibilité accordée aux pères d’être présents dans la salle d’accouchement, ou bien au fonctionnement de systèmes informatiques de télé-enseignement. Et il y a maints et maints autres cas d’acquis de la société moderne auxquels nous devons provisoirement renoncer, au nom d’une cause commune. Ne pas surcharger les systèmes alimentaires ou sanitaires îliens dimensionnés pour l’hiver, ne pas apporter le virus indésirable au personnel médical, car même si nous avions des tests nous ne serions encore pas totalement certains de ne rien transporter avec nous, ou encore partager l’usage d’une ressource commune dont la fréquentation a été décuplé récemment, surtout à la date limite de rendu des devoirs. Hum ? Et ainsi de suite.
Il ne s’agit pas de distribuer des bons points, j’ai conscience d'avoir moi aussi mes propres interrogations, frustrations et inconforts. Nous avons tous nos limites face à un changement aussi radical, nous avons tous besoin de temps pour mesurer jusqu’où cette pandémie va nous affecter personnellement et nous y plier, après quelques débats internes ou externes, parce que le bien commun le justifie.
Il ne s’agit pas non plus de justifier la situation dans laquelle nous sommes arrivés par les choix politiques qui ont été faits précédemment, notamment les déstockages historiques de masques et le retard de planification des tests. Force est d’admettre, toutefois, que certains paramètres de l’équation ne peuvent plus être changés et ceux qui restent en nos mains sont réduits.
Nous avons alors besoin de clairvoyance pour établir jusqu’où nous ne voulons pas que cette pandémie nous affecte, ni nous ni les autres. Je pense au droit de retrait quand on a soi-même (ou un proche) une fragilité médicale qui augmente la vulnérabilité au virus, je pense par exemple à l’accès à l’IVG qui n’est pas une intervention d’urgence mais a tellement d’impact sur les vies de plusieurs individus, je pense par pur hasard au traitement respectueux par les forces de l’ordre qui sont à notre service et pas l’inverse. Ce ne sont que des exemples, il y a maints et maints autres points sur lesquels notre vigilance doit rester alerte afin que notre arc-boutement s’exerce sur des sujets d’importance majeure. N'est-ce pas ?
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