Mon projet de culture de légumineuses m’amène à faire des expériences, mais aussi de complètes découvertes.
Un des fils de discussion d'un forum de semenciers atypiques m’a intriguée. Il traitait de « cowpea » qui m’évoquait un simple pois fourager. Je suivais donc ce fil depuis plusieurs semaines d’un œil distrait en me demandant pourquoi donc ielles avaient tant à dire sur un pois fourager. C’est quand ielles ont commencé à détailler les saveurs particulières à faire saliver une lectrice en plein jeûne que j’ai voulu en savoir plus. Et j’ai découvert que « cowpea » (le forum est en anglais) est en fait le Niébé que je ne connais que de nom dans mes souvenirs très lointains d’un temps au Sénégal. Il était donc hors du spectre de ce qui peut se cultiver en France, dans mon esprit, à l’époque. Sauf qu’en regardant dans les fiches des membres adeptes de cette légumineuse, j’en ai trouvé qui cultivent pas si au sud que ça. Et puis, après tout, j’ai bien commencé les céréales africaines en Bretagne l’an dernier, avec un chouette résultat. Aucun mérite, certes, avec le climat qu’on a eu l’été dernier. Bref, il y a quelques jours, je suis allée avec ma fille écumer les épiceries africaines de son quartier Parisien à la recherche de Niébé. J’ai trouvé deux variété différentes, et un troisième truc qui m’a fait coucou et que j’ai pris, pour voir. La mise en ligne des photos a permis à mes contacts de confirmer l’identification des deux premiers qui n’étaient pas étiquetés comme Niébé et encore moins par le nom latin, évidemment.
Vigna Unguiculata , comme son nom l’indique, n’est pas un haricot, bien que son nom d’usage soit parfois « Haricot à œil noir » à cause de la tache noire d’une des variétés les plus courantes. D’autres l’appellent « haricot-chenille » . Moi je préfère Niébé, ça sonne plus africain, je vais impressionner du monde avec ça ! Car je compte bien tenter de le cultiver. Le troisième, celui sur lequel j’avais un doute, a été identifié par mes pair comme un Dolique, qui est un autre Vigna Unguiculata Sesquipedalis. Très résistants tous les deux aux maladies, et à la sècheresse, me dit-on. Deux belles découvertes en quelques jours.
A mois que …. Dolique désigne aussi Dolichos Lalbal , qui n’est ni un Vigna ni un Phaseolus. Et son petit pédoncule apparent ferait bien pencher l’hypothèse de ce coté-là. On verra à la culture l’aspect de la plante, la taille des gousses !
Dans la foulée, je me suis souvenue que dans la cuisine de Brangoulo, Yo et moi étions restées pensives devant un bocal d’un grain qui nous était totalement inconnu, très joli, blanc strié de noir. Mais nous ne savions pas comment le cuisiner, ni même,en vérité, s’il était comestible, bien que sa présence en cuisine soit un indice. Ni une ni deux, en un échange de texto, elle m’envoie une photo. En regardant de près les images, je me dis que ça ne peut pas être une autre variété de Niébé, contrairement à ce que j’avais cru en me souvenant de leur aspect. C’est un fait que plus on regarde de près, plus on voit des différences.
Alors cette photo, je la mets en ligne dans un fil dédié à encore une autre espèce inconnue de moi mais dont les images publiées ressemblaient un peu au mien. En demandant aux participants si à leur avis, il s’agissait bien du même. Le sujet de ce fil est le « wild pea of umbria » ou « pois rojava », ou Pisum Sativum Arvense qui se trouve être un très ancien pois, l’ancêtre de l’actuel pois commun (Pisum Sativum sativum), qui a une valeur nutritionnelle bien supérieure, comme souvent les espèces et variétés très anciennes, et une excellente tenue à la cuisson. J’aurai bien aimé qu’on me confirme tout de suite que oui, j’avais sous la main ce petit trésor génétique et que je n’avais plus qu’à le cultiver mais ça n’a pas été si simple. L’un des participants salue la beauté du pois, semblant confirmer son identité mais un autre émet un doute, le rapprochant plutôt d’un Lupin ! Je n’avais jamais vu de graines de lupin que grosses et blanches et voilà qu’on me dit que mon petit grain rond bicolore pourrait en être ? Une recherche internet me confirme qu’en effet, les lupins sont très variés en forme et en couleur, eux aussi. Ah ben zut, voilà qui me réjouis moins. Certes c'est comestible (du moins je crois) mais ce n'est sans doute pas aussi résistant à la sécheresse et c'est plus délicat à cultiver. Là aussi , on verra bien l'allure de la plante qui nous donnera le fin mot de l'histoire d'identification.
En tout cas, on s'amuse bien. Très sérieusement. En collectif de gens passionnés donc certains sont incroyablement pointus. Vous savez qu’il existe des dizaines d’espèces et des milliers de variétés de légumineuses comestibles ? Des fèves de toutes les couleurs, des haricots bigarrés des pois tachetés, des Niébés avec ou sans oeil noir. Je n’en finis pas de me régaler.
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