Les forêts comestibles sont des assemblages de plusieurs étages de végétaux vivaces, les grand arbres, les arbres moyens les arbustes, les herbacées, les racines, et les lianes qui grimpent le long des arbres. Le tout tente d'imiter une bordure de forêt mais pas trop dense, sous nos latitudes, pour laisser entrer le soleil. Il n'y a pas que des végétaux comestibles, mais chaque plante a une ou plusieurs utilités.
J’ai débord découvert ces principes dans des livres, pendant le long voyage. Puis je suis allée faire un stage auprès de Fabrice Desjours (La forêt gourmande), un des meilleurs en France sur cette spécialité. Maintenant je commence à pratiquer, dans le petit jardin de la maison que je loue toujours comme gagne-pain, et dont les combles me servent actuellement de pied-à-terre.
Laissons encore quelques années de vie à cet encombrant mais généreux pommier franc en le taillant assez sévèrement. Je ne laisserai que les branches les plus basses et s’étalant en couronne, ça laissera entrer plus de lumière que ces dernières années tout en fournissant encore une ombre légère bienvenue pendant les grosses chaleurs et aussi quelques kilos de pommes à l’automne.
J’ai épargné les lianes (kiwi et vigne) que j’aurai normalement taillées, pour au contraire cette fois-ci les aider à prendre leurs aises.
Un gros saule qui pousse dans le bassin de rétention d’à côté m’a offert quelques tronçons de rameau qui trempent actuellement dans de l’eau. Ils diffusent leur « eau de saule » pour stimuler mes boutures de noisetier et feront également des boutures eux-mêmes. Je rêve d’une clôture vivante à la place de mes horribles troènes. La clôture vivante, c’est un entremêlement de rameaux longs qui sont vivants, plantés dans le sol avec racines et feuilles. Ça prend du temps à pousser et il faut évidemment tailler pour favoriser la croissance en longueur et accompagner pour la formation de la clôture, mais qu’est-ce que c’est beau !
Le brin de basilic perpétuel que j'ai prélevé en Bourgogne, dans la Foret Gourmande de Fabrice, lors de mon dernier périple, semble s’installer confortablement. J'attends de m'assurer qu'il va bien avant de le séparer en deux et d'implanter un des brins en terre.
Et puis dernièrement j’ai fait des folies, j’ai acheté six petits plants vivaces pour l’étage inférieur de ce petit jardin. De l’ail des ours, de l’épinard perpétuel, du céleri perpétuel, de la bourrache (fleurs et feuilles comestibles) de l’achilée millefeuille (comestible et sympa pour les pollinisateurs), et enfin de la châtaine de terre, un tubercule ancien au gout parait-il délicieux, que j’ai plantée dans la zone où se trouvait autrefois mon compost et qui, cinq ans plus tard, a une texture grumeleuse de bon aloi. Cette collection de nouvelles plantes couvre-sol vient tenir compagnie à mes trois pieds de consoude qui se sentaient un peu seuls, éparpillés loin les uns des autres. Bien sûr, tout ce petit monde va demander quelques années pour se développer, s’étendre sur le sol autour de la plantation initiale, mais ça aura peut-être déjà une allure sympathique l’été prochain, à défaut de nourrir grand monde. L’étiquetage est en place pour que les locataires s’y retrouvent et y fassent attention. Et quand elles seront un peu trop multipliées, j’en donnerai autour de moi !
Un de mes locataires a envie de potager, et je ne vais certainement pas m’y opposer ! J’ai même commencé à repérer les zones qui seront affectées à cette activité. L’hiver est une bonne période pour préparer la terre avec feuilles mortes, cartons, branchages, etc. Je ne vais pas moi-même potager dans ce jardin car je ne séjournerai pas ici suffisamment l’an prochain (Woofings et séjours en communautés au programme !).
Touche finale de cette session 2019, deux espèces différentes de jonc ! Après avoir arpenté les environs, j'ai trouvé un étang autour duquel il en poussait un peu, trois espèces différentes, mais pas beaucoup de chaque. J'ai cueilli parcimonieusement, de quoi faire deux ou trois petits paniers. Certains brins sont venus avec un bout de rhizome et quelques racines, je les ai donc réimplantés chez moi. Ne disposant pas d'une mare, ils sont dans un gros pot en terre, juste sous le robinet d'eau extérieur, histoire de récolter les fuites et gouttes à chaque prélèvement d'eau ... on verra bien si ça marche. La présence de jonc dans ce jardin me met en joie.
Toutes ces petites activités me maintiennent en contact avec le sol, les plantes, le climat et la temporalité lente que j'apprécie tant. Et elle font partie de mon cheminement vers la production de nourriture, élément de sécurité pour un avenir incertain.
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