Il n’y a guère d'espoir que mes suggestions d’expérimentation à grande échelle de l’usage du jeûne intermittent comme réponse non-agressive et non-dominatrice aux pandémies future soient suivies d’effets à court terme. En attendant le jour grandiose ou quelques scientifiques des champs de la médecine et des sciences sociales s’uniront pour étudier la question et où ils trouveront les subsides modestes mais néanmoins indispensables pour effectuer une recherche crédible, je me suis engagées comme cobaye volontaire dans une tout autre expérimentation.
Une équipe du laboratoire de neurosciences de Lyon étudie le rapport au temps et souhaite produire des données sur la situation actuelle de confinement, en recrutant des volontaires pour une expérience dans la durée. Une batterie de tests a été constituée, à partir d’un mélange de tests habituels dans leur discipline et de questionnaires plus adaptés à la situation de confinement. Leur but est de mieux comprendre les effets de l’isolement prolongé sur les perspectives temporelles et sur la perception du temps chez l’adulte. ? Le projet prévoit des tests pendant le confinement, puis d’autres ultérieurement, jusqu’à six mois après la fin du confinement. Malheureusement, il leur manquera toujours les données « avant confinement » , mais je trouve le projet intéressant.
Dès les premières salves de test, je suis bien bousculée. Être sujet de laboratoire entraine une sorte de déboublement, voire de détriplement de personnalité. Une part de moi fait les tests sans se poser de question, l’enjeu est faible et même quand ils précisent « aussi vite que possible », je ne me mets pas la pression. Une autre se sent troublée des effets que cette activité a déjà sur moi, comme la prise de conscience de mes horaires insuffisants de sommeil, qui émerge des questions directement posées sur les horaires de la vie confinée. Une troisième s’agace de la répétition de trucs inconfortables dans le déroulé même des tests et qui font, j’espère, partie de l’expérience. Par exemple, le fait que quand on démarre une session de tests, on ne sait pas combien de temps elle va durer et que certains exercices de comptage à rebours me mettent parfois face à un brouillard cérébral que je ne me connaissais pas.
Inéluctablement, cet état de cobaye volontaire réveille mon inquiétude à propos des expérimentations qui sont en train d’être faites sur les populations du monde, à l’insu de notre plein gré.
L'image est le logo de cette expérimentation. J'aime bien le petit personnage androgyne et j'aime bien aussi comment le texte de présentation de l'expérience parle bien de distanciation physique et sociale.
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